La responsabilité de Pétain envers les juifs

La responsabilité de Pétain envers les juifs

La responsabilité de Pétain, a-t-il oui ou non sauvé des juifs ?

Si la question prête à sourire pour certain, pour d’autres il y a débat.

L’émission sera plus longue que d’habitude pour bien exposer les faits mais surtout pour bien faire le tour de la question et comprendre.

O combien intéressante si vous restez attentif.

Je vais simplement vous exposer des faits historiques.

Et pour clore ce débat, d’ajouter qu’aujourd’hui, comme l’ADN a permis de confondre des criminels, des preuves scientifiques et donc péremptoires apportent la réponse.

 

Pour le contexte, comme chacun sait, à cette époque, il n’était pas bon d’être juif en Europe.

Je tiens à préciser que pour ne pas m’éloigner du sujet, je ne vais volontairement pas parler d’autre chose que de Pétain et de sa responsabilité envers les juifs.

La Shoah, sujet lourd, doit faire l’objet d’une émission spéciale et ne peut être traitée à la légère.

Néanmoins, il faut préciser, que la France est sous climat antisémite.

S’il y avait un contexte à retenir, ce serait indiscutablement le climat antisémite de la France.

Par exemple, en été 1940, le magazine hebdomadaire, célèbre torchon antisémite et pro Pétain, "au pilori" titre " les juifs de France doivent payer ou mourir"

A la fin de l'année, un concours-sondage est proposé aux lecteurs :

"Où les fourrer ?"

Le gagnant est une habitante de Clichy, dont la solution proposée est retenue comme étant la meilleure :

"Stérilisation et enfermement de tous les juifs dans des ghettos, c’est à dire un génocide par extinction"

L'idée sera sérieusement défendue par entre-autres, par le non moins célèbre écrivain Louis-Ferdinand Céline.

Et jusqu’à la libération, ce sera comme ça.

 

A ceux qui se réclame de Charles Maurras

Charles Maurras proclame : 

« Le juif et le français sont deux phénomènes et sujets à deux lois physiques différentes : Il leur faut donc deux statuts civils et politiques différents » 

Charles Maurras a inventé la formule de l’antisémitisme d’Etat et a exhumé celle de statut des Juifs, dont la première expression apparaît sous sa plume dans un article du 18 mars 1911 dans l’Action Française.

Aussi, Charles Maurras considérait que l'une des tares du christianisme résidait dans son ascendance juive. 

«C'est en tant que juif qu'il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum» disait-il.

Et donc, se dire « maurassien », est un euphémisme, pour ne pas de se déclarer antisémite car cela tomberait sous le coup de la loi, il est donc plus facile de se dire « maurrassien ».

 

Durant la 1ère Guerre Mondiale, jusqu’aux années 1920, l’antisémitisme s’atténue.

200 000 juifs vivent en France.

Mais, la dépression économique et les scandales politico-financiers ont eu raison de cette accalmie.

La sortie de « Mein Kampf » en 1925, puis surtout, l’accession au pouvoir de Léon Blum, en 1936, dans ce climat de crise politique, va hélas donner de l’élan aux idées maurrassiennes.

Hitler, au pouvoir depuis 1933, soit 7 ans avant Pétain.

Et dès cette année, il y a eu des autodafés, d’auteurs juifs, les juifs sont bannis de la société allemande.

En 1934, Hitler élimine ses opposants lors de la nuit des long couteaux, même Mussolini condamnera son idéologie anti juive, avant de le rejoindre, aussi, la même année la police française laisse faire un pogrom en Algérie.

En 1935, les lois raciales de Nuremberg que tout le monde connaissaient, le fiasco de la conférence d’Evian en 38, la nuit de cristal quelques mois après qui a coûtée la vie à 91 juifs, parce que juifs.

En 1939, Hitler dans un discours au reichstag évoque pour la première fois la perspective d'une extermination de la race Juive.

Quand Hitler envahit la Pologne, élément déclencheur de la seconde guerre mondiale, déjà, plusieurs camps de concentrations sont ouverts.

Dès le début, les juifs de Pologne sont déportés, à Varsovie, les juifs sont massacrés, Auschwitz, est construit dès le début 1940, des ghettos sont créés enfermant des milliers de juifs, comme celui de Lodz.

Voilà pour le contexte.

 

Le principal argument qui permet à certains d’affirmer que Pétain a sauvé des juifs est le bilan du génocide en France.

350 000 Juifs et, 25% seulement ont été assassinés. 

Quand je dis seulement, c’est naturellement pour dire que ce pourcentage est faible par rapport à d’autres pays européen, évidemment.

Et en effet, il l’est.

Mais avant de l’expliquer, il faut rappeler aussi que, sur les 80 000 Juifs français déportés vers Auschwitz, 96 % ont été assassinés. Chiffres de Yad Vashem.

 

Alors, comment l’expliquer ?

Comment expliquer que plus des deux tiers des juifs visés a échappé aux rafles ?

Est-ce grâce à Pétain et à son gouvernement ?

 

Voici ce que je vais développer :

Premier fait historique, on s’apercevra que d’un arrondissement parisien à un autre, le bilan des arrestations a pu varier du simple au triple, certains commissaires se montrant particulièrement acharnés, quand d’autres n’exécutait que le minimum requis. 

Aussi, la lourdeur administrative, sa complexité et ses contradictions freineront malgré eux, le mécanisme persécuteur français et les autorités nazies seront obligées d’en tenir compte, si bien, et indiscutablement, que cela explique en partie, le bilan de la Shoah en France.

Par exemple, dans le département de la Seine, 38.500 juifs ont été déportés sur les 151.000 recensés à la fin de l'année 1940, soit environ 25%. 

Aussi, il faut noter, le remarquable courage de certains policiers, qui ont prévenu les victimes à l’avance, ont adressé à la Gestapo de fausses lettres de délation, et ont simulé des enquêtes.

 

L’argument du choix des juifs étrangers pour sauver les français

L’argument le plus ressassé par les vichystes est celui du Vichy qui aurait livré les juifs apatrides aux 

Allemands afin de sauver les juifs français. 

C’est l’argument qu’apportera par exemple, Pierre Laval à son procès en octobre 1945. 

Ecoutez ce qu’a écrit, dans son journal intime, l’avocat, Lucien Vidal-Naquet, avant d’être déporté vers Auschwitz par le convoi 75, le 30 mai 1944, précisément, sur ce sujet :

« Certains, qui poussent la prudence jusqu’au point où elle change de nom pour devenir lâcheté, n’en persistent pas moins. A déclarer qu’il ne s’agit que de mesures “normales“ n’ayant affecté que des étrangers. C’est faux, matériellement faux, de la fausseté la plus criante. J’ajoute que si cela était vrai, le crime n’en serait pas moins éclatant. » 

Fin de citation.

Comprenez qu’ils s’inventent une histoire pour apaiser leur conscience, mais aussi et surtout pour préserver leur avenir. 

 

Et maintenant afin de répondre à toutes ces questions, plus précisément dans les faits, voici le déroulement chronologique de l’emprise du Maréchal Pétain et de son gouvernement sur les juifs français.

Le 18 juin 1940, le général De Gaulle, lance un appel historique à la résistance, ce qui va évidemment à l’encontre de la future collaboration.

Et le 22 juin 1940, la France signe l’armistice, avec l’Allemagne, isolant De Gaulle.

Le même jour, De Gaulle fut jugé par contumace et condamné à la rétrogradation au rang de colonel, et une mise à la retraite d’office, par le prédécesseur de Pétain, le président Albert Lebrun.

Ce à quoi, le Maréchal Pétain, quand il sera au pouvoir, trouvera ce verdict beaucoup trop clément, et exigera qu’il soit fait appel.

Pour mémoire, les deux hommes sont fâchés depuis 1938 à cause d’un livre écrit par le Général De Gaulle, « La France est son armée », sur Pétain dont il jugeait que la place que lui avait accordée De Gaulle dans cet ouvrage n’était pas à la hauteur de son ego.

Et donc De Gaulle finira par lui dédicacer un autre livre mais en vain, la vexation était à la hauteur d’une rancune définitive.

Et le 04 juillet, traduit devant le Conseil de guerre, l’ex Général De Gaulle, est condamné à quatre ans de prison et à la déchéance de nationalité.

Le 10 juillet 40, Pétain s’octroie le titre de chef de l’Etat français.

Car, il faut rappeler qu’il n’a jamais été élu, mettant ainsi un terme à la 3ème république, pour laisser place à l’Etat français, ce n’est pas sans savoir que les juifs se font massacrés.

Et le 02 août 40, le verdict tombe pour De Gaulle, et la sentence souhaitée est rendue pour le plus grand plaisir du Maréchal Pétain par le tribunal militaire de Clermont, condamnation à mort, dégradation et confiscation de tous ces biens.

Déchéance de nationalité qui sera confirmé par Pétain en personne en signant le décret du 08 décembre 1940 et qui paraîtra au journal officiel le 10.

Ce même jour précisément, alors que le gouvernement français ne voulait pas, à l’origine, imposer de restrictions aux descendants des Juifs nés en France ou naturalisés avant 1860, Pétain effaça cette ligne de sa main et s’assura que la situation de tous les Juifs français s’aggraverait sans exception.

De fait, il avait fait, de ces juifs français, des apatrides et deviennent donc des juifs qui peuvent être déportés sans que statistiquement ne soient comptabilisés comme français.

Ce document historique confirme que Pétain s’est personnellement occupé de la persécution des juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.

Son écriture a été vérifiée par les historiens, et constitue donc une preuve accablante et péremptoire.

Cette preuve irréfutable se trouve dans le musée de la Shoah à Paris.

 

Le Ministre de l’Intérieur Adrien Marquet, ancien socialiste, comme Laval, mais ayant peu à peu dérivé vers le fascisme, annonce :

D’abord faisons des mesures générales contre les Juifs, cela facilitera les contacts avec les chefs de l’Allemagne. »

Et c’est ainsi que le 24 juillet 1940, il envoie secrètement un émissaire pour prendre contact avec les responsables de la police allemande en zone occupée. 

Le 01 octobre 1940, lors du conseil des ministres, le gouvernement de Vichy, avait étudié pendant deux heures le statut des israélites. 

C'est le maréchal Pétain qui se montre le plus sévère. 

C’est lui personnellement qui insiste pour que la justice et l'enseignement ne contiennent aucun juif.

Ce fait a été rapporté par Paul Baudoin, son ancien ministre des affaires étrangères.

Le 03 octobre 1940, sont promulguées, les premières lois anti-juives.

C’est avec enthousiasme que le Maréchal Pétain, promulgue le premier statut des juifs sans y avoir été obligés par les nazis. 

Et dès le lendemain, le 04 octobre, il signe un décret permettant d'interner « les ressortissants étrangers de race juive » dans des camps spéciaux, sur simple décision préfectorale et sans aucun motif. 

Les préfets peuvent interner les étrangers de “race juive“ dans des camps spéciaux ou les assigner à résidence.

Mais selon le ministre de l’Intérieur Peyrouton, ce n’était rien d’autre qu’une simple mesure d’ordre public. 

Le 07 octobre de la même année, le gouvernement, dépossède, à leur tour, les juifs algériens de leur nationalité française que leur avait accordée le décret "Crémieux" en 1871 et deviennent donc eux aussi des « apatrides ».

Encore une preuve irréfutable, s’il en fallait encore une, de la haine de Pétain qui malgré l'absence des allemands avait l’occasion de faire preuve de bienveillance envers les juifs et ne le fit pas.

La nationalité française est donc retirée aux Juifs d'Algérie.

A partir du 22 octobre 1940 et jusqu’au 11 août 1944

La France va envoyer 97 convois de déportés de Juifs vers Auschwitz-Birkenau. 

De fait, Vichy s’aligne sur la politique nazie.

Evidemment, alignement confirmé, par la poignée de main de Pétain à Hitler à Montoire du 24 octobre 1940.

Pourtant, 2 semaines après, le ghetto de Varsovie va être scellé enfermant pas moins de 450 000 Juifs.

Le 30 octobre, Pétain annonce à la radio la collaboration de la France avec l'Allemagne.

Il expulse les Juifs de la société française par les décrets sur le statut des Juifs. 

Définissant qui est de « race juive » auquel est interdit toute participation à tout corps de l’Etat y compris la justice et l’enseignement ainsi que les fonctions d’officier dans l’armée, de direction dans la presse, cinéma,  spectacles, et radio.

De fait, il devance les vœux de l’occupant nazi en matière de spoliation et bientôt de déportation. 

En novembre 1940, à Paris, 4700 commerces ouverts sur rue ont déjà été désignés par la sinistre affiche « magasin juif ».

L’argument sécuritaire est délibérément mis en avant pour le justifier.

Pourquoi sécuritaire ?

Car il savait que prétendre une raison sécuritaire permettait de contourner la convention de la 

Haye de 1907, laquelle interdit formellement toute atteinte aux « convictions religieuses » et à la « propriété privée » des populations occupées. 

Car le gouvernement Pétain aurait pu invoquer la convention de La Haye pour le respect des convictions religieuses pour s’opposer aux projets nazis. 

Il n’en a absolument rien fait. 

 

Le 09 mars 1941, dans l’intérêt des allemands et selon leurs directives, de confier à l’Etat français la responsabilité de préparer les conditions des prochaines déportations de juifs, Vichy annonce alors, la création d’un Commissariat Général aux Questions Juives, le CGQJ pour en faciliter la mise en œuvre.

Le 14 mai 1941, une première « rafle » est initiée à Paris contre les juifs apatrides.

Connu sous le nom de rafle du « billet vert ». Pourquoi Billet vert ? parce que pensant répondre à une convocation d’examen de situation, les juifs ont été piégés.

6494 hommes sont convoqués par la préfecture de police.

3747 se rendent à ce prétendu examen de situation, et seront aussitôt déportés à Pithiviers et Beaune-la-Rolande. 

Les autres seront déportés par les convois numéro 2, 4 et 5 quelques jours plus tard.

Du fait, qu’ils se soient rendus de leur propre gré, le mot de rafle n’est pas le plus approprié mais l’histoire l’a retenu comme telle pour se souvenir de cet événement.

Le 28 mai 1941, une quatrième ordonnance, bloque l’accès aux comptes bancaires des particuliers de “race juive“.

Les juifs sont désormais tributaires de leur bourreau pour recevoir tout subside nécessaire à leur existence. 

Xavier Vallat, le Commissaire Général des Questions Juives, va déployer un zèle exemplaire dans cette tâche humiliante. 

Par exemple, de juin 1941 à janvier 1942, ce n’est pas moins d’une cinquantaine de lois et décrets, préparés par ses soins, qui seront publiés au Journal officiel. 

A partir du 02 juin 1941, le statut des juifs relève du pénal obligeant ainsi le recensement des juifs, mise au point par Xavier Vallat.

La loi précise que toute infraction est punie d'un emprisonnement et d'une amende. 

Le régime de Vichy a désormais défini la “race juive".

Et le maréchal Pétain en est l’un des signataires. 

 

A partir de juin 1941, Hitler est focalisé sur le front de l’Est, notamment avec l’opération Barbarossa, l’invasion de l’union soviétique, et se désintéresse de la collaboration française. 

Et donc à partir de cette date, toute implication antisémite du régime de Vichy n’est que zèle.

 

Dès juillet 1941, alors que le meurtre de juifs étaient toujours secrets, des informations sur Auschwitz ont été divulguées, dans un article paru dans la revue bimensuelle polonaise "Polish Fortnighly Review".

Un journal en langue anglaise publié par le gouvernement polonais en exil, qui mentionne une concentration particulièrement violente à Auschwitz, et écrit, que les détenus y sont gazés.

Sachant cela, envoyer des juifs à Auschwitz, c’était les condamner à une mort certaine.

Déporter des juifs à Drancy, c’était les condamner à une mort certaine.

Et pourtant, le 20 août 1941, à l’aube, à Paris, le 11ème arrondissement est encerclé par la police.

La police française accompagnée de soldats allemands et agents de la Gestapo arrêtent 3000 juifs.

Le représentant d’Adolph Eichmann, le SS Theodor Dannecker juge ce résultat insuffisant et ordonne à la Préfecture de Police d’effectuer une opération supplémentaire dès le lendemain.

Grâce à cet acharnement de la police française, plus de 4200 juifs seront arrêtés et envoyés vers Drancy, l’antichambre d’Auschwitz.

A peine un mois après, en Ukraine, les 29 et 30 septembre, a lieu le massacre de Babi Yar, justement appelé la Shoah par balles où même le monstre de Himmler a été sujet à un malaise en y assistant.

33771 juifs assassinés par les nazis.

 

Le 20 janvier 1942, c’est la Conférence de Wannsee.

Le SS Reinhard Heydrich présente les chiffres de la France qui apparaît comme le principal territoire à déjudaïser en Europe.

 

165 000 juifs en zone occupée et plus de 700 000 juifs en zone non occupée.

Pourtant le régime de Vichy, pouvait s’opposer à certaines mesures qui auraient pu sauver la vie de nombreux juifs, comme par exemple, le 21 janvier 1942, quand l’amiral Darlan s’oppose à la demande allemande d’imposer, par une loi de Vichy, le port de l’étoile jaune en France.

Aussi, le gouvernement pétainiste accepte la dissociation entre la France occupée et la France de Vichy. 

Ainsi, jamais l’étoile jaune ne sera édictée en zone sud, malgré des pressions allemandes qui seront renouvelées jusqu’en 1943. 

La protestation n’était alors pas impossible.

Le 03 juin 1942, les Juifs de France reçoivent l'ordre de coudre une étoile jaune sur le côté gauche de leurs manteaux pour être mieux identifiable et faciliter leur déportation, déportation vers Auschwitz.

Rien que dans le département de la Seine, 115 000 juifs ont été pointés.

 

Le 22 juin 42, Pierre Laval, personnalité la plus importante du régime de Vichy et principal maître d'œuvre de la politique de collaboration avec l'Allemagne nazie, déclare à la radio :

Je souhaite la victoire de l’Allemagne“ 

On ne peut être plus clair.

 

Les hommes raflés et déportés en 1941, l’ont été, le plus souvent pour l’infraction au port de l’étoile. 

Nous sommes seulement en 1942, Pétain est au pouvoir depuis 2 ans déjà, mais le pire de la collaboration est à venir…

 

Rafle du Vel d’Hiv

Et le pire arriva les 16 et 17 juillet 1942, c’est la rafle du Vel d’Hiv, ces dates marqueront incontestablement les esprits, devenant l’événement marqueur qui, à lui seul, condamne sans aucunes réserves le gouvernement de Vichy.

C’est consciemment du sort qui est réservé aux juifs, qui, à cette date n’est plus un secret pour personne.

Les horreurs des camps, des ghettos, gazages, expériences médicales, et autres exactions sont connus.

Que la Préfecture de Police de Paris co-organise avec Vichy et réalise sans la moindre participation allemande, la rafle du Vel D’hiv, diminutif du vélodrome d’hiver situé à Paris dans le 15ème arrondissement.

Je répète que pas un soldat allemand, ne prit part à la rafle du Vel d'Hiv.

Tout a été pensé, jusqu’au moindre détail, jamais une opération de police n’avait été aussi minutieuse dans sa préparation.

Si Laval et Bousquet n’avaient pas mis toute la puissance de l’Etat et de son administration dans cette opération et celles qui ont suivi en zone libre, le bilan des rafles aurait été moins lourd, et la faute morale de la France, aurait été évidemment moins grande. 

4 500 policiers parisiens sont mobilisés.

L’objectif est de déporter des familles entières, femmes et enfants compris, et non plus seulement les hommes.

Vichy établit 27 391 fiches d’arrestations pour cette rafle.

Principalement visés, des étrangers et apatrides, c’est-à-dire des juifs Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchécoslovaques, Russes, hommes de moins de 60 ans, femmes de moins de 55 ans.

Mais aussi, souvenez du document manuscrit de Pétain qui effaça de sa main la ligne qui protégeait les juifs  descendants des Juifs nés en France ou naturalisés avant 1860, créant ainsi des apatrides, et donc de facto, plusieurs centaines de Français figureront dans cette liste.

Au fait, je voulais juste préciser que le nom de code de l’opération n’est pas « Vent printanier » comme le veut la légende urbaine.

Dès le premier jour, de 4h du matin à 17h, 11363 juifs sont arrêtés.

A la fin de la rafle, le lendemain, le bilan officiel à 13h15 fait état de 12884 juifs arrêtés.

Parmi eux, 3031 hommes, 5802 femmes, 4051 enfants de moins de 16 ans.

Chaque juif arrêté, devra emporter avec lui, une valise comprenant, une paire de bottes, deux paires de chaussettes, deux chemises, deux caleçons, un vêtement de travail, un pull, des draps, des couvertures, un gobelet, une gamelle, des ustensiles de toilette et des vivres pour deux ou trois jours maximum.

Une fois les appartements vidés, les policiers français devaient vérifier que tous les compteurs soient fermés et remettre les clés au concierge.

Malgré que les Allemands n’avaient pas réclamé les enfants de moins de 16 ans, 4 051 sont arrêtés, et dont les trois quarts sont des citoyens français à part entière.

Nés et scolarisés à Paris.

Ils ont des droits que Vichy n’a jamais fait valoir auprès de l’occupant. 

Jamais, la nationalité française de ces enfants n’a pas été considérée.

 

Aucun juif n’y échappera, même les anciens combattants de la grande guerre, les infirmes, ne sont pas non plus épargnés.

Une ambiance de fin du monde pèse sur Paris, il y a des pleurs, des gémissements, des hurlements, des supplications, des négociations, des crises de nerfs, des tentatives de suicide aussi.

Certains juifs auront la chance d’avoir croisés des policiers qui n’avaient pas perdu toute humanité, les laissant s’échapper volontairement.

A la fin de la guerre, des survivants rapporteront des témoignages de policiers les prévenant de l’imminence de leur arrestation.

Les policiers complaisants n’ont pas défoncés de portes, et ne sont pas revenus une deuxième fois, quand ils n’ont trouvé personne.

Les policiers pouvaient, et certains l’ont fait, sauver des vies.

Arrivés au Vel d’Hiv ou au camp de Drancy, le cauchemar ne fait que commencer.

Evidemment, aucun confort ne sera accordé à ces déportés responsable de la pire des monstruosités, être juif.

Comme des animaux dans une étable, on les fait dormir sur la paille, sans eau, sans nourriture et pour ce qui est des sanitaires, insalubres ou improvisés.

En attendant l’autorisation de Berlin de déporter les enfants de moins de 16 ans, les adultes partent les premiers, abandonnant contraints et forcés, leurs progénitures.

Plus tard, les enfants, séparés de leurs parents, seront déportés et envoyés dans les chambres à gaz avec des inconnus.

Au total, 12 884 hommes, femmes et enfants, juifs polonais en majorité, ont été arrêtés par la police française puis transportés, au camp de Drancy, mais aussi à la salle des sports du Vélodrome d’Hiver, dans le 15e arrondissement, dans l’attente de leur déportation vers Auschwitz.

Seule, une centaine de juifs survivra.

Le taux de réussite de l’opération est pourtant inférieur à la moitié sur les 27400 personnes visées.

 

Alors, comment l’expliquer ? 

Est-ce grâce au Maréchal Pétain ?

Souvenez-vous, quand j’expliquais que d’un arrondissement à un autre, le bilan des arrestations a pu varier du simple au triple.

En voilà encore une preuve.

Au sein de la Préfecture de police, les fuites étaient fréquentes.

Il est convenu que les endroits où les juifs étaient les plus concentrés, ils ont été prévenus de la prééminence du danger prévu et ont pu s’échapper. 

Encore une fois, d’un arrondissement à un autre, le résultat de l’opération, varie ostensiblement.

On peut citer par exemple le résultat spectaculaire, du 18ème arrondissement où le taux d’arrestations n’a été que de 43% pour 2075 juifs recherchés.

Cela bien sûr agaçait les commissaires qui faisaient de la collaboration un devoir au mépris des vies humaines.

On peut citer, l’exemple d’un jeune commissaire qui menaçait de signaler les gardiens de la paix qui reviendraient bredouilles de la chasse aux juifs. 

Preuves de l’efficacité des fuites.

Et lorsque les policiers de certains arrondissements devaient forcer les portes des domiciles des juifs qui ne répondaient pas, il leur suffisait d’avoir la complicité des concierges pour que les agents s’abstiennent et quittent l’immeuble.

Il faut au passage saluer aussi le courage de certains concierges dont on ne parle pas assez.

D’autres fermeront les yeux et laisseront des juifs s’enfuir mais sans se l’avouer. 

La grande majorité des juifs raflés lors du Vel d’Hiv, le moment précis de leur arrestation, signifiait bien, une condamnation inéluctable vers la mort.

 

Le même jour, pendant que la police est en train de rafler, l'administration française, exprimait son souhait de pouvoir déporter également les enfants.

Or, à cette période, les nazis ne réclament que les adolescents de plus de 15 ans. 

 

Le 19 juillet 1942, dans le convoi n°7, du camp de Drancy vers le camp d'extermination d'Auschwitz-

Birkenau, et malgré l’accord qui avait été conclu avec le gouvernement français de déporter exclusivement les Juifs étrangers, pourtant, 28 Juifs français figurent parmi les déportés de ce convoi. 

Et cela va continuer ainsi tout au long de la guerre.

Le 20 juillet 1942, un train quitte la gare d’Angers pour Auschwitz.

A son bord, 823 juifs dont 201 français. 

Suite au souhait du gouvernement de Vichy d’avoir l’autorisation de pouvoir déporter aussi les enfants, le 13 août, Berlin va enfin accorder par écrit cette autorisation si chère à Pétain. 

Aucun enfant juif déporté ne reviendra.

Ceux qui ont échappé à cette rafle ne connaîtront aucun répit.

Nombreux seront arrêtés les jours, suivant dans d’autres rafles ou victimes de dénonciation.

La police municipale et la Préfecture de Police vont faire montre d’un zèle particulier à arrêter les juifs.

 

Du 15 au 25 août 1942

Le régime de Vichy transfère les enfants des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande vers Drancy, d'où ils seront déportés vers Auschwitz-Birkenau, par les convois 20 à 26. 

Je le redis encore, aucun des enfants déportés n'est revenu.

Le 26 août 1942, soit six semaines après la rafle du Vélodrome d'Hiver, une rafle est planifiée, comme celle de juillet, par la haute administration de Vichy et la police de Bousquet

A l’issue de ces rafles, 26 000 juifs sont déportés vers Auschwitz. 

Une vaste rafle est organisée en zone libre, à l'initiative des autorités de Vichy après négociations avec les Allemands. 

6 584 Juifs étrangers sont arrêtés.

Ils seront ensuite transférés vers le camp de Drancy, avant d’être déportés vers Auschwitz pour y être assassinés.

Cette rafle est injustement passée sous silence, et, est pourtant importante du seul fait exclusif de la responsabilité de la France.

Encore une fois, c’est grâce aux fuites, que plus de la moitié a réussi à s’échapper au préalable.

C’est dans le même esprit de résistance des policiers ou concierges, que le 29 août 1942, le général de Saint-Vincent, gouverneur militaire de Lyon, refuse de mettre ses soldats à disposition de l'intendant de police en vue d'aider au transfert des juifs raflés vers Drancy et de déclarer :

"Jamais je ne prêterai ma troupe pour une opération semblable".

Il a été mis à la retraite d'office. 

Grâce à des protestations publiques d’évêques qui s’insurgeaient contre les rafles, ils ont contraint le gouvernement de Vichy à mettre un frein à sa politique de collaboration.

Et pourtant la déportation des juifs français va continuer, comme dans le convoi n°34, comprenant 350 juifs français.

Et à chaque fois que cela se produit, Vichy laissera faire.

Dans le convoi n°35, c’est des enfants juifs qui seront déportés.

Le plus jeune n’a que 2 ans.

Le chef de la police de Vichy, René Bousquet ira jusqu’à refuser d’autoriser le départ vers les Etats-Unis de 1000 enfants juifs que des organisations caritatives se proposaient d’accueillir.

La volonté d’anéantissement n’est plus à prouver.

Vichy n’a pas mené une politique de sauvegarde des juifs français.

 

Le 11 novembre 1942, le 43ème et dernier convoi de l’année quitte la gare du Bourget pour Auschwitz. 

A son bord, 743 juifs.

Fin juin, le général Oberg, délégué du Reichsführer-SS dans la France occupée, exige que la France livre 40 000 juifs pour les camps de travails.

L’objectif fixé par Berlin est dépassé.

Le zèle du gouvernement de Pétain a apporté ses fruits.

Plus de 41800 juifs ont été déportés, alors que Berlin n’en réclamait 40 000. 

 

Le 11 décembre 1942, par la Loi no 1077, le gouvernement de Vichy impose, le tampon "juif" sur la carte individuelle d'alimentation en plus de la carte d'identité et ce, pour tous les juifs, aussi bien français, qu’étrangers.

Pendant ce temps en Italie, Mussolini, étant mis au courant des atrocités nazies commises contre les Juifs, ordonne de ne pas livrer un seul des 25 000 Juifs qui se trouvent dans sa zone d'occupation.

Et donc, les autorités militaires italiennes qui occupent le sud-est de la France protègent autant les Juifs français qu'étrangers contre les mesures de Vichy.

Et donc évidemment, ce n’est pas à mettre au crédit du régime de Vichy.

En janvier 1943, le commissaire Jean Philippe, commissaire à Toulouse, résistant du réseau Alliance, démissionne de la police.

On vient de lui donner l'ordre de traquer les juifs.

Sa lettre, adressée au commissaire central de Toulouse est exemplaire :

"J'ai le regret de vous rendre compte de ce que la politique actuellement suivie par notre Gouvernement n'étant pas conforme à mon idéal, je ne saurais désormais servir avec fidélité.

Je refuse, et, sous mon entière responsabilité, de persécuter des israélites qui, à mon avis, ont droit au bonheur et à la vie, aussi bien que Monsieur Laval lui-même"

Fin de citation.

Heureusement, il y avait des héros.

Contraint à la clandestinité, il sera activement recherché par les autorités de Vichy, et arrêté par la Gestapo.

Il sera fusillé le 01 avril 1944. 

Son nom doit être honoré et ne jamais être oublié, le commissaire Jean Philippe.

Puis, le 22 janvier 43, la police française et allemande ont conjointement raflé 20 000 personnes aux vieux ports de Marseille.

Cette rafle, à l'initiative de René Bousquet qui, signera l’ordre de mission six mois après le Vel d'Hiv, se déroulera sous son autorité personnelle. 

Alors que les nazis se préparaient à se cantonner aux limites du 1er arrondissement, toujours épris d’un zèle extraordinaire, Bousquet propose d’élargir l’opération à toute la ville. 

Et elle s’est effectivement, étendue au quartier de l'Opéra où de nombreuses familles juives y vivaient à proximité de la grande synagogue de la rue Breteuil. 

C’est ainsi que 250 familles juives ont été raflées, avec une brutalité inouïe.

D'après le Memorial de la Shoah, 800 Juifs sont envoyés vers Sobibor.

Le célèbre quai du Vieux Port sera renommé après l’opération, le quai "Pétain".

Le journal « Le Petit Marseillais » du 30 janvier 43 ajoute : 

« Précisons que les opérations d’évacuation du quartier nord du Vieux-Port ont été effectuées exclusivement par la police française et qu’elles n’ont donné lieu à aucun incident. » 

Jacques Delarue, un jeune gardien de la paix assiste à l'évacuation et témoigne : 

« Le spectacle de ces familles, soudain misérables, avait quelque chose de vraiment poignant. 

Les vieillards et les enfants pleuraient et grelottaient dans le matin glacial. 

Tout ce monde, surchargé de paquets hétéroclites s'interpellait, interrogeait les agents, cherchant à comprendre les causes du malheur qui les frappait si brutalement ». 

Je vous avais parlé au début de preuves irréfutables, qui comme l’ADN, a permis de confondre sans aucun doute des criminels.

Après le document signé de la main de Pétain, aggravant le sort des juifs, en voici une autre.

Sonore celle-ci, puisque, dans les archives radiophoniques, on découvre un enregistrement daté du 03 mai 1943, où l'on entend Pétain avoir un petit rire glaçant à l'évocation de la rafle de Marseille et la destruction de la rive droite du Vieux Port et déclarer :

"Ce n'est pas dommage, je suis même assez d'accord que ce quartier ait été mis à terre"

Enregistrement mis en ligne sur internet et à la disposition de tous.

Le gouvernement de Vichy va, le 30 janvier 1943, créé la Milice française. 

Cette organisation politique paramilitaire, pour suppléer la gestapo contre les résistants mais aussi pour traquer les juifs.

Le 10 février 1943 à 23h, sous les ordres d’Emile Hennequin, le directeur général de la police municipale de Paris, dirige une action d’une brutalité rare.

Si violente, que l’Inspection générale des services est saisie d’une demande d’enquête.

1500 juifs sont arrêtés dont 500, ont plus de plus de 70 ans. 

Parmi eux, 1000 juifs français seront déportés vers Auschwitz. 

Je le redis, Vichy n’a pas mené une politique de sauvegarde des juifs français.

 

En juin 1943, le chef de la Gestapo à Berlin décide de ne pas répondre favorablement à la demande française d’envoyer 250 policiers spécialisés dans la traque des juifs, pourtant réclamés par Vichy.

Fort heureusement, Berlin avait d’autres impératifs à ce moment-là.

La solution finale, n’était plus la priorité, mais plutôt la lutte contre la résistance et le communisme. 

Le 08 juillet 1943, à la veille du débarquement allié en Sicile, sur la BBC, le chroniqueur Paul Bouchon lance un avertissement clair à l’antenne :

Il faut que chaque fonctionnaire français qui est chargé de s’occuper des questions Juives comprenne qu’en exécutant les ordres qu’il reçoit, se rend complice d’un crime

Fin de citation

Jusque-là, la chasse aux juifs représente environ 40 % de l’activité de la police municipale parisienne.

 

En 1944, réduit à l'état de gouvernement fantoche, Vichy abandonne les juifs français de "vieille souche", que la police rafle, sur ordre allemand, à Bordeaux, Poitiers ou Belfort.

Désormais, étrangers et nationaux sont frappés indistinctement.

Le 03 et 04 février 1944 sera la dernière rafle en France.

 

Le bilan de la solution finale en France, s’élève à environ 76 000 vies juives exterminées. 

Dont, 24000 de nationalité française, et 51000 de nationalité étrangères.

20% des enfants déportés puis dans les camps étaient de nationalité française.

Aucun enfant juif déporté ne reviendra.

 

Après la guerre, en novembre 1978, mis en cause pour son rôle dans la déportation des juifs sous l'Occupation, Jean Leguay, l'ancien adjoint de René Bousquet, déclare au Monde :

"J'ai fait le métier que je devais faire, au mieux."

Plus précisément quand il est interrogé sur la rafle du Vel d'Hiv, il fait une réponse stupéfiante :

"C'est un détail. Je crois vraiment que ce n'est pas la peine d'entrer dans les détails"

Un détail disait-il, ça ne vous rappelle rien ?

 

Enfin, le 16 juillet 1995, le discours du président Chirac reconnaissant, la "responsabilité de la France" dans la persécution des juifs.

Dont je cite un extrait : 

"Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français.

La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable." 

Fin de citation

Et de terminer cette démonstration par l’exemple de pays comme le Danemark.

Envahi lui aussi, par la Wehrmacht, doté d’un gouvernement formellement libre, comme la France, menant une politique de collaboration d’Etat, comme la France, prouve qu’il était possible de faire barrage à la « solution finale ».

Contrairement à Vichy, le gouvernement danois d’union nationale n’engage aucune politique antisémite et ce, malgré les demandes nazis.

Le Danemark refuse de s’en prendre aux 6 500 juifs de son royaume.

Quand Hitler ordonne la déportation des juifs danois en septembre 1943, l’occupant ne pouvant compter sur le gouvernement et l’administration du pays, doit mobiliser 1 500 policiers allemands pour le faire eux-mêmes.

Bilan, de la rafle, moins de 500 juifs sont trouvés à leur domicile avant d’être déportés, et d’où presque tous reviendront.

Oui mais j’entends d’ici me dire que le Danemark étant plus éloigné, peut-être était-ce plus facile de s’opposer au régime de l’occupant, et que pour 6500 juifs, peut-être que les allemands n’avaient pas la même énergie à dépenser qu’en France, pensez-vous.

Alors laissez-moi vous citer l’exemple belge, où à Bruxelles, capitale d’une Belgique occupée par les nazis, le bourgmestre Jules Coelst a délibérément refusé de faire appliquer l'ordonnance allemande relative à l'obligation du port de l'étoile juive en mai 1942, un mois et demi avant le Vel D’Hiv, en France, et il a refusé de prêter sa police pour rafler des juifs.

Son courage l’a conduit, en 1944, à son arrestation et à sa détention en Allemagne.

Mais il en ressortira vivant.

 

Ce qu’il faut retenir

En résumé, d’un arrondissement parisien à un autre, le bilan des arrestations a pu varier du simple au triple.

La lourdeur administrative qui a freiné la machine infernale.

Le remarquable courage de certains policiers, et concierges, qui ont prévenu les victimes à l’avance.

Le décret du 08 décembre 1940, confirmant la déchéance de nationalité du général De Gaulle, suite à son appel à la résistance.

Les rafles organisées entièrement à l’initiative de l’Etat français.

Le maréchal Pétain, en personne, insiste pour que la magistrature et les corps enseignants soient radicalement fermés aux juifs.

Le document où Pétain effaça de son écriture pour aggraver le sort des juifs.

C'est le maréchal qui se montre le plus sévère, envers les juifs lors de conseils de ministre.

C’est avec enthousiasme que le Maréchal Pétain, promulgue le premier statut des juifs sans y avoir été obligés par les nazis.

La déchéance de nationalité des juifs algériens, là encore, sans y être contraint par les allemands.

Pétain va devancer les vœux des nazis en spoliation et déportation. 

Vichy a défini la “race juive", le maréchal Pétain est l’un des signataires. 

Jamais à aucun moment, la convention de La Haye n’a été évoquée.

L’initiative de rafles en zone libre. 

Pas un soldat allemand, n’a pris part à la rafle du Vel d'Hiv. 

Le même jour, Vichy demande à déporter les enfants.

Aucun enfant juif déporté ne reviendra.

Sur les 80 000 Juifs français déportés, 96 % ont été assassinés.

Malgré l’accord qui avait été conclu avec le gouvernement français de déporter exclusivement les Juifs étrangers, de nombreux Juifs français figurent parmi les déportés dans les convois vers Auschwitz. 

L’archive radiophonique, où l'on entend Pétain évoquer sa satisfaction de la rafle de Marseille.

Et enfin, l’exemple du Danemark et de la Belgique.

On peut donc affirmer que Vichy n’a pas mené une politique de sauvegarde des juifs français.

 

Conclusion

Affirmer le contraire c’est du négationnisme.

Le négationnisme est l’affirmation avec aplomb d’une distorsion de l’histoire pour asseoir ses arguments.

Par exemple, le 18 janvier 2000, va retentir en Grande-Bretagne, ce qui va être considéré comme le procès du siècle.

David Irving, un homme cultivé, le représentant le plus érudit du négationnisme et considérait comme la figure majeure et le plus grand négationniste.

Il va mettre au défi, Deborah Lipstadt, une historienne américaine de renom sur la Shoah, d’en prouver l'existence et l'assigne en justice pour diffamation.

Parce qu’elle avait affirmée qu’il était négationniste.

Elle se retrouve dans une situation incroyable de devoir prouver que ce qu'elle a écrit sur Irving est vrai et fondé, qu'il ment sciemment en niant notamment l'existence des chambres à gaz.

Comment, en restant dans les limites du droit, faire face à un négationniste prêt à toutes les bassesses pour obtenir gain de cause, et l'empêcher de profiter de cette tribune pour propager ses théories nauséabondes ?

En avril 2000, David Irving perd le procès qu'il avait intenté contre l'historienne américaine Deborah Lipstadt.

Le tribunal anglais conclut qu'Irving a effectivement falsifié le dossier historique et qu'il était antisémite, raciste et un « négationniste actif ».

Il s'agit d'une défaite majeure sur le déni de l'Holocauste.

C'est un événement capital dans la lutte contre le négationnisme.

Avec lui s’effondre cette idéologie nauséabonde.

Mais, à condition de ressasser l’histoire et de continuer à la transmettre.

 

Jérôme Attal

 

 

 

 

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