Mai 628-La bataille de Khaybar
Mai 628
Guerre de Mahomet contre les juifs de Khaybar
Khaybar est la plus grande colonie juive d'Arabie à l'époque de Mahomet, à environ 60 miles. (97 km) de Médine.
La Bataille de Khaybar a opposé, lors de la septième année de l'Hégire (628-629), Mahomet et ses fidèles aux Juifs vivant dans l'oasis de Khaybar.
La ville était assez riche, bien fortifiée et majoritairement peuplée de juifs avant cette expédition.
Khaybar est situé sur un plateau montagneux très élevé entièrement composé de dépôts de lave, contenant des vallées très fertiles qui sont cependant couvertes de marécages paludéens; les Juifs de Khaybar ont donc été contraints vers les montagnes, ne descendant dans les vallées (pendant la journée) que pour travailler leurs terres.
Ils cultivaient des dattes, des raisins, des légumes et des céréales et élevaient des moutons, du bétail, des chameaux, des chevaux et des ânes.
Ils se livraient également à la filature, au tissage et à la fabrication de vêtements en soie, vêtements bien connus dans tout le Hedjaz, et bénéficiaient du commerce des caravanes entre l'Arabie, la Syrie et l'Iraq et faisaient du commerce avec la Syrie.
Les Arabes n'étaient pas à cette époque capables de produire pour eux-mêmes les outils, les armes, les textiles et les bijoux dont ils avaient besoin ou convoités, et les Juifs, étant des artisans habiles et attirés par le commerce, étaient en mesure de fournir ces objets parce qu'ils comprenaient l'art de les fabriquer ou les moyens de les importer.
Les Juifs ont fourni le capital pour les activités commerciales tandis que les Arabes ont servi d'intermédiaire entre eux et les tribus de l'intérieur.
Les Juifs de Khaybar étaient bien connus pour leur diligence, leur richesse et leur hospitalité.
Pendant la nuit, ils plaçaient des balises dans les tours de leurs châteaux, guidant ceux qui étaient perdus vers leurs maisons, qui restaient ouvertes toute la nuit.
Les Ban? Na??r juifs de Médine, qui prétendaient être les descendants d'Aaron le prêtre, possédaient des terres à Khaybar et y avaient des châteaux, des forteresses et leurs propres armes.
Selon les sources musulmanes, les seules dont disposent les historiens, les juifs vaincus négocièrent afin de demeurer à Khaybar et de continuer à pratiquer la religion juive, en échange de leurs biens (leur trésor) et du paiement d'un impôt (la moitié de leur récolte).
Le sort des juifs de Khaybar diffère ainsi de celui des deux autres tribus juives de Médine, expulsées ou tués, les Banu Nadir et les Banu Qurayza.
Les habitants juifs de Khaybar furent donc épargnés.
Au VIIe siècle, Khaybar était habitée par des juifs, qui furent les premiers à mettre en culture l'oasis.
Vivant de la plantation de palmiers dattiers, du commerce, de l'artisanat, ils avaient réussi à accumuler une richesse considérable.
Certains objets trouvés par les musulmans dans une redoute à Khaybar tels qu'un engin de siège, 20 balles d'habits yéménites et 500 capes, confirment une activité commerciale intense des juifs.
Initialement les historiens expliquaient la présence de l'engin de siège en suggérant qu'il devait être utilisé pour régler des querelles entre les différentes familles de la communauté.
Il est actuellement admis par les universitaires, qu'il devait être entreposé dans ce dépôt pour une vente future de la même façon que des épées, des lances, des boucliers et d'autres armes étaient régulièrement vendus par les Juifs aux autres Arabes.
De même, les habits et les capes devaient être entreposés pour la vente, car il paraît difficilement concevable qu'une telle quantité de produits de luxe ait été uniquement pour les juifs de l'oasis.
L'oasis était divisée en trois régions : Al-Natat, Al-Shikk et Al-Katiba, probablement séparées par des obstacles naturels, tels que le désert, des coulées de lave ou des marais.
Chacune de ces régions contenait plusieurs forteresses ou redoutes renfermant des habitations, des entrepôts et des écuries.
Chaque forteresse était occupée par une famille séparée et entourée de champs cultivés et de palmeraies.
Dans le but d'accroître leurs capacités défensives, les forteresses étaient perchées sur des collines ou des rochers de basalte.
En 625, après sa défaite à la bataille d’Uhud contre les armées de la Mecque, Mahomet expulsa la tribu juive des Banu Nadir de Médine qui, selon les sources musulmanes, auraient tenté de l'assassiner.
La plupart des Banu Nadir trouvèrent refuge à Khaybar.
En 627, Huyayy ibn Akhtab, le chef des Banu Nadir, rejoignit les tribus polythéistes des Quraysh et des Ghatafan pour assiéger les musulmans de Médine.
Après la Bataille du fossé remportée par Mahomet et ses fidèles, ceux-ci assiégèrent les Banu Qurayza, la seule tribu juive restant encore à Médine.
Akhtab et son fils se joignirent aux Banu Qurayza.
Lors de leur reddition, accusés d'avoir violé l'engagement avec Mahomet en le niant devant l'armée de la coalition, tous les adultes mâles des Banu Qurayza, ainsi qu'Akhtab et son fils furent exécutés.
Quant aux femmes et aux enfants, ils furent faits prisonniers et plus tard vendus contre des chevaux et des armes.
Après la mort d'Akhtab, Abu al-Rafi ibn Abi al-Huqayq prit la tête des Banu Nadir à Khaybar.
Al-Huqayq très vite approcha les tribus voisines pour lever une armée contre Mahomet.
En apprenant cela, les musulmans, aidés par un Arabe parlant un dialecte juif, l'assassinèrent.
Usayr ibn Zarim succéda à Al-Huqayq.
D'après une source, il approcha aussi les Ghatafan et des rumeurs se répandirent qu'il avait l'intention d'attaquer la « capitale de Mahomet».
La volonté des Juifs de négocier avec Mahomet et l’incapacité de Mahomet de communiquer avec Khaybar, conduit ce dernier à envoyer des émissaires à Khaybar, pour inviter Usayr à Médine pour parlementer.
Usayr avec trente hommes de sa tribu partirent pour Médine non armés.
En chemin, Unays, un Musulman devint suspicieux d’Usayr, qui aurait essayé par deux fois de lui prendre son poignard.
Watt et Nomani tous les deux supposent que probablement Usayr avait changé d’avis concernant les négociations.
Une querelle éclata entre les deux parties au sujet de la prophétie dans laquelle Unays fut blessé, mais tous les membres de la délégation juive, à l’exception d’un seul, furent tués.
L'attaque de Khaybar serait la réponse de Mahomet au siège de Médine par les armées coalisées des juifs de Banu Qurayza et des Quraïchites lors de la Bataille du fossé.
Les banu Nadir s'étant réfugiés à Khaybar ont fomenté et organisé la guerre contre Médine en s'alliant à Quraych.
Huyayy ibn Akhtab, des Banu Nadir qui est à l'origine de cette bataille, sera exécuté à la fin de la bataille.
Les autres seront relâchés et expulsés du Hijaz, Shibli Nomani voit l’alliance de Khaybar avec la tribu des Ghatafan, qui avait attaqué Mahomet lors de la Bataille du fossé comme la raison principale de la bataille.
Il attire aussi l’attention sur l’action du chef des Banu Nadir, Huyayy ibn Akhtab, qui s’était joint aux Banu Qurayza et les avait poussés à attaquer Mahomet.
Watt voit les intrigues des Banu Nadir à Khaybar comme motif principal de l’attaque.
D’après Watt, les Banu Nadir avaient payé des tribus arabes polythéistes pour combattre Mahomet, ne lui laissant que la solution d’attaquer Khaybar.
La bataille de Khaybar est relatée comme une réponse à la bataille du fossé dans toutes les biographies classiques de Mahomet.
De plus, William Montgomery Watt note la présence de la tribu juive des Banu Nadir à Khaybar, qui tentaient de rallier des tribus arabes polythéistes contre Mahomet.
Cependant plusieurs historiens contemporains, tel que Norman Stillman et Laura Veccia Vaglieri pensent que la principale raison ayant entraîné Mahomet à attaquer Khaybar était d'accroître son prestige parmi ses partisans, ainsi que d'augmenter son butin pour poursuivre ses conquêtes.
La bataille se termina avec la victoire de Mahomet, ce qui lui permit de s'emparer de suffisamment d'argent et d'armes, ainsi que d'obtenir l'aide des tribus locales afin de s'emparer de La Mecque, juste 18 mois après la prise de Khaybar.
Ainsi, certains historiens modernes affirment qu’une des raisons de la décision de Mahomet d’attaquer Khaybar, est la nécessité pour lui de remonter le moral de ses troupes et d’accroître son prestige qui avait été érodé par le traité de Houdaibiya, (Pacte signé en mars 628 entre Muhammad et les autorités mecquoises, qui devaient permettre au prophète de l'islam et à ses fidèles de se rendre en pèlerinage à La Mecque pendant trois jours l'année suivante.
Il prévoyait également une période de paix de dix ans entre les deux parties.
Mais les Mecquois brisèrent le traité l'année suivante, et en janvier 630, Muhammad décide de conquérir la ville).
En plus, l’accord de Houdaibiya donnait stratégiquement à Mahomet l’assurance qu’il ne serait pas attaqué par les habitants de la Mecque pendant son expédition.
Vaglieri soutient aussi que les Juifs étaient responsables de la coalition qui a assiégé les musulmans à la Bataille du fossé, mais suggère que l'histoire des attaques musulmanes peut avoir des raisons économiques similaires à d’autres attaques, tout au long de l’histoire.
Ainsi, d’après Vaglieri, la conquête de Khaybar, permettait à Mahomet d’offrir un ample trésor à ses compagnons qui espéraient conquérir la Mecque et étaient déçus par le traité avec les Quraysh.
Stillman ajoute que Mahomet avait besoin d’une victoire pour montrer aux bédouins, qui n’étaient pas étroitement liés au reste de la communauté musulmane, que l’alliance avec lui était payante.
Comme une guerre avec Mahomet semblait imminente, les Juifs de Khaybar signèrent une alliance avec les Juifs de l’oasis de Fadak.
Ils réussirent aussi à persuader les Arabes polythéistes de la tribu des Ghatafan de se joindre à eux en cas de guerre, avec la promesse de recevoir la moitié de leur récolte.
Cependant, le manque d’autorité centrale à Khaybar empêcha toutes préparations défensives supplémentaires, et les querelles entre les différentes familles laissèrent les Juifs désorganisés.
Les Banu Fazara, apparentés aux Ghatafan, offrirent aussi leur assistance à Khaybar, après leurs négociations infructueuses avec les musulmans.
Les musulmans marchèrent sur Khaybar en mai 628.
Selon différentes sources, l’armée de Mahomet comptait entre 1 400 et 1 800 hommes avec 100 à 200 chevaux.
Quelques femmes musulmanes (y compris Umm Salama, l’une des épouses de Mahomet) s’étaient jointes à l’armée, afin de prendre soin des blessés.
Avant la bataille, les habitants de Khaybar n’avaient aucun doute quant à la guerre.
Cependant, la marche rapide des musulmans prit les Juifs par surprise.
Ceci empêcha les Juifs d’organiser une défense centralisée, laissant ainsi à chaque famille le soin de défendre sa propre redoute fortifiée.
Connaissant les conséquences des batailles de Mahomet avec les autres tribus juives, les Juifs de Khaybar opposèrent une résistance féroce, obligeant les musulmans à prendre chaque forteresse une par une.
Pendant la bataille, les musulmans réussirent à empêcher les Ghatafan, alliés à Khaybar et forts d’environ 4 000 hommes de venir à leur secours.
Une des raisons serait que les musulmans auraient acheté les Arabes polythéistes alliés des Juifs.
Mais Watt suggère que des rumeurs d’attaque des musulmans contre les citadelles des Ghatafan auraient joué aussi un rôle.
Les juifs, après une escarmouche plutôt sanglante devant une forteresse, évitèrent les combats en zone dégagée.
La plupart des engagements consistaient à lancer des flèches d’une grande distance.
En une occasion au moins, les musulmans furent capables de prendre d’assaut des forteresses.
Il y avait aussi des combats d’homme à homme dont le plus fameux opposa Ali, cousin de Mahomet, à Marhab, un combattant arabe renommé.
Dès la nuit tombée, Les juifs assiégés s’arrangeaient pour organiser le transfert d’hommes et de trésors d’une forteresse à l’autre, en fonction des besoins afin de rendre leur résistance plus efficace.
Ni les juifs, ni les musulmans n’étaient préparés pour un siège prolongé, et des deux côtés, souffraient d’un manque de provisions.
Les juifs initialement trop confiants en leur force avaient négligé de faire des réserves en eau, même pour un siège de courte durée.
Après la prise par les musulmans des forteresses d’an-Natat puis de celles d’ash-Shiqq, la résistance faiblit.
Les Juifs décidèrent de rencontrer Mahomet pour discuter des termes d’une reddition.
Les gens d’al-Wa?? et d’al-Sul?lim se rendirent aux musulmans en échange d’être traités avec indulgence, et les musulmans les épargnèrent.
Mahomet accepta ces conditions et ne prit aucun bien de ces deux forteresses.
Selon Ibn Ishaq et Tabari, Kinana, chef des Banu Nadir, fut fait prisonnier, alors que les troupes musulmanes n'avaient pas encore réussi à prendre les derniers forts, qui contenaient le trésor des habitants de Khaybar.
Quand Muhammad lui demanda où se trouvait le trésor de la tribu, Kinana nia savoir où il se trouvait.
Un juif dit alors à Mahomet qu’il avait vu chaque matin Kinana près d’une certaine ruine.
Quand les ruines furent excavées, on trouva une partie du trésor.
Mahomet ordonna à, Al-Zubayr de torturer Kinana jusqu’à ce qu’il révèle où se trouvait le reste du trésor, en vain, puis Muhammad ibn Maslamah l'a lui-même décapité, pour venger la mort de son frère lors de la bataille.
Ibn Hicham relate ainsi cette scène (Sîra, II, 336-337) :
"On amena auprès du Prophète Kinâna ibn Rabî, le mari de Çafiyya, qui détenait le trésor des Banû Nadîr.
Le Prophète lui demande de révéler où était le trésor.
Kinâna affirma n'en rien savoir. Un Juif s'approcha, et le dénonça au Prophète :
- J'ai vu Kinâna rôder tous les matins autour de cette maison en ruine.
- Vois-tu, Kinâna, lui dit le Prophète, si nous trouvons le trésor chez toi, je te tuerai.
- Tu me tueras, mais je n'en sais rien.
Puis le Prophète ordonna de creuser la terre dans la maison en ruine.
On y trouva une partie du trésor.
- Où est le reste du trésor? demanda le Prophète.
- Je ne sais pas, répondit Kinâna.
Le Prophète ordonna alors à Zubayr Ibn al ‘Awwâm de le torturer jusqu'à ce qu'il livre son secret.
Zubayr lui brûlait sans cesse la poitrine avec la mèche d'un briquet, mais en vain.
Voyant qu'il était à bout de souffle, le Prophète livra Kinâna à Muhammad Ibn Maslama, qui lui trancha la tête"
Mahomet rencontra Ibn Abi Al-Huqaiq, al-Katibah et al-Watih pour discuter les termes de la reddition générale.
Selon les termes de l’accord, les juifs de Khaybar devaient évacuer la région et abandonner leur richesse.
Les musulmans cesseraient la guerre et ne feraient de mal à aucun juif.
Après l’accord, quelques juifs négocièrent la possibilité de rester dans l’oasis et de continuer à cultiver leurs terres contre le versement de la moitié de leur récolte.
Mahomet accepta cette proposition.
Il ordonna aussi la restitution aux juifs de leurs livres saints.
Selon la version de Ibn Hisham le pacte avec les habitants de Khaybar avait été conclu sous la condition que les musulmans « pouvaient vous [les juifs de Khaybar] expulser si et quand ils le désireraient ».
Norman Stillman pense que ce n’est probablement qu’une interpolation ultérieure dans le but de justifier l’expulsion des juifs en 642.
L’accord avec les juifs de Khaybar servit de précédent important pour la loi islamique en déterminant le statut des dhimmis.
Après avoir pris connaissance du traité, le peuple de Fadak, allié à Khaybar pendant la bataille envoya Muhayyisa b. Massoud rencontré Mahomet afin que les gens de Fadak soient traités avec indulgence contre leur reddition.
Un traité similaire à celui de Khaybar fut signé avec Fadak.
Muhammad choisit une des femmes juives comme "épouse".
Il consomma leur union le soir même.
Elle s’appelait ?afiyya bint Huyayy, et était la fille du chef des Banu Nadir, Huyayy ibn Akhtab, tué lors des combats de Médine, et la veuve de Kinana ibn al-Rabi, le trésorier des Banu Nadir que Mahomet venait de torturer avant de le faire assassiner.
Les biographies de Mahomet rapportent qu’une femme juive de la tribu des Banu Nadir essaya d’empoisonner Mahomet pour venger ses parents exécutés.
Elle empoisonna une pièce d’agneau qu’elle cuisait pour Muhammad et son ami, mettant spécialement beaucoup de poison dans l’épaule, la partie de l’agneau favorite de Mahomet.
La tentative d’empoisonnement échoua, car il est raconté que Mahomet recracha la viande, sentant qu’elle était empoisonnée, tandis que son ami la mangea et mourut.
Elle prétendit avoir empoisonné l'agneau pour tester la prophétie de Mahomet.
Les compagnons de Mahomet racontèrent que sur son lit de mort, Mahomet leur dit que sa maladie était le résultat de cet empoisonnement.
La victoire contre Khaybar augmenta grandement le prestige de Mahomet parmi ses fidèles et les tribus polythéistes locales, qui voyant sa puissance décidèrent de lui jurer allégeance et de se convertir à l’Islam.
Le trésor et les armes capturés augmentèrent encore la force de son armée et il put ainsi capturer la Mecque juste 18 mois après Khaybar.
Les juifs de Khaybar continuèrent à vivre dans l'oasis pendant encore plusieurs années, jusqu'à leur expulsion par le calife Omar, ou ce que les sources anciennes présentent comme une expulsion.
Des mesures radicales auraient alors été prises.
Les taxes imposées aux juifs vaincus auraient servi de précédent pour la création d'un impôt appelé jizya, dont les dhimmi se trouvant dans un état musulman devaient s'acquitter.
Les musulmans, eux, payant la zakat.
Autre mesure: la confiscation des terres appartenant aux non-musulmans au profit de l'Oumma (communauté des musulmans).
Cependant, selon Gordon D. Newby, les sources musulmanes auraient été remaniées de manière tendancieuse ; « en dépit de l'affirmation rétrospective selon laquelle le calife 'Umar Ier aurait expulsé les juifs (et les chrétiens) de la péninsule arabique, il apparaît que les juifs quittèrent l'Arabie du Nord progressivement.
Nos sources recèlent ici et là des récits mentionnant des tribus juives en Arabie les derniers datant du milieu du XXe siècle ».
Les biographes traditionnels musulmans de Mahomet racontent que lors de l’attaque d’une des forteresses, tout d’abord Abou Bakr, puis Omar, se portèrent directement à la tête des attaquants afin de briser la résistance des juifs, mais que tous les deux échouèrent.
Selon la tradition musulmane, Mahomet appela alors son cousin et porteur d’étendard Ali, qui tua un chef juif d’un seul coup d’épée, en coupant en deux le casque, la tête et le corps de la victime.
Ayant perdu son bouclier, Ali aurait soulevé les deux portes de la forteresse hors de leurs gonds, serait descendu dans le fossé et aurait fait un pont avec les deux portes, permettant ainsi aux attaquants de pénétrer dans la forteresse.
Les portes étaient si lourdes, qu’il fallut quarante hommes pour les remettre en place.
Cette histoire du point de vue musulman et plus particulièrement des Chiites faits d’Ali le prototype du héros.
Les Juifs de Khaybar devinrent avec le temps des figures populaires du folklore arabe.
De nombreuses histoires circulaient.
Selon l'une d'elles, de nombreux juifs vivaient dans des tentes dans le désert sur la route de la Mecque, dans le voisinage de nombreux autres Arabes, qui volaient tous les passants.
Les Juifs et les autres Arabes se partageaient ensuite le butin à parts égales.
Ce genre de légende a persisté jusqu'à nos jours.
Plus récemment, Khaybar, symbole de la défaite des juifs par les musulmans, a fortement imprégné la culture populaire dans sa perception du conflit israélo-arabe, inspirant un chant souvent clamé lors de manifestations anti-israéliennes: Khaybar, Khaybar ya Yahud, jaysh Muhammad sawfa ya‘ud (« Khaybar, Khaybar ô Juifs, l'armée de Mahomet reviendra. »)" ou, au Liban, Khaybar, Khaybar ya Sahyun, Hizbullah qadimun (« Khaybar, Khaybar ô Sionistes, le Hezbollah arrive »).
Le Hezbollah a d'ailleurs baptisé l'un de ses missiles Khaybar-1.
L'Iran en a fait de même pour son fusil, Khaybar-KH2002.
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Oren, écrit, dans la page éditoriale du New York Times, en date du 03 juin 2010, à propos de l'Abordage de la flottille pour Gaza :
« Des millions de personnes ont déjà vu la transmission d'Al Jazeera montrant ces "activistes" chantant "Khaybar! Khaybar!" ».
Après que Muhammad les a expulsés de Médine en 625, leurs dirigeants se sont installés dans leurs domaines à Khaybar afin de préparer la guerre contre Mahomet et de recruter l'aide des tribus arabes.
En fait, ils ont dirigé ceux qui se sont battus contre Mahomet et les hommes de Khaybar, qui se sont mariés avec eux, les ont traités avec respect et leur ont obéi.
Les colonies de Khaybar étaient concentrées autour de trois centres - Na??t, Shiqq et Kat?ba - disséminés sur une vaste zone.
Les colons se sont livrés à la fabrication d'outils métalliques pour le travail et d'armes telles que les béliers et les catapultes, qu'ils ont stockés dans leurs châteaux et même prêtés à des tribus arabes.
Selon les sources, la plupart écrites par des chroniqueurs arabes, ils avaient 10 000 guerriers mais ce nombre est probablement très exagéré.
La guerre de Mahomet contre les juifs de Khaybar a été très dure.
Au début, il a envoyé des invités déguisés au domicile des chefs de Ban? Na??r qui ont ensuite tué leurs hôtes.
La victoire de Mahomet sur les Juifs de Khaybar, dont certains étaient tenus en estime par l'ennemi, a également été facilitée par la distance des colonies et leurs châteaux les uns des autres, l'absence de coordination entre les forces combattantes, la mort du chef Sall?m ibn Mishkam, et la trahison d'un Juif qui a montré aux musulmans les entrées secrètes de l'une des forteresses.
Les châteaux de Khaybar avaient des tunnels et des passages qui, en temps de guerre, permettaient aux assiégés d'atteindre les sources d'eau à l'extérieur des châteaux.
Mohammed a traité les Juifs de Khaybar avec cruauté, tuant Meduyayy ibn Akh?ab, chef de Ban? Na??r, à Médine.
Il a ordonné la mort du fils du chef et du mari de sa fille ?afiyya à Khaybar.
Il a épousé ?afiyya, qui a elle-même été emmenée en captivité, sur le chemin de Khaybar à Médine.
Les sources soulignent sa beauté, sa fidélité à Muhammad et ses privilèges, dont l'héritage de ses biens par un parent et son oncle à Khaybar.
Préoccupés par le fait que Khaybar resterait désolé et ne continuerait pas à fournir ses produits agricoles au Hedjaz, Mahomet et les Juifs ont signé un accord qui permettait à de nombreux habitants de rester sur leurs terres, même si le paiement de la moitié de leurs récoltes aux conquérants sapait la situation économique des Juifs de Khaybar.
D'un point de vue juridique, le pacte était défectueux, car il ne définissait pas la situation des Juifs et ne disait pas s'ils devaient rester propriétaires du sol qu'ils devaient cultiver.
Plus tard, les juristes musulmans ont défini ce règlement comme un régime foncier dont le loyer était payé en produits.
Une version de cet accord a été copiée par Joseph Sambari au XVIIe siècle.
Selon des sources musulmanes, Mahomet a rendu aux Juifs des copies de la Torah saisies pendant le siège, car il s'opposait à leur profanation.
Après que des captifs de guerre et des esclaves d'autres pays ont été amenés à Khaybar et que les habitants du Hedjaz se sont habitués à l'agriculture, le calife Omar a décidé d'expulser les Juifs de Khaybar en 642 sous prétexte qu'avant sa mort, Mohammed avait ordonné que deux religions ne puissent pas exister simultanément dans le Hedjaz.
Contrairement aux déclarations de Graetz, Dubnow et d'autres, cependant, tous les Juifs de Khaybar n'ont pas été expulsés par Omar.
Ceux qui avaient conclu des traités et des accords spéciaux avec Mahomet, en particulier les membres de la famille de sa femme ?afiyya, ont été autorisés à rester.
La théorie de Graetz sur les errances des Juifs de Khaybar à Kufa sur l'Euphrate, où ils ont influencé le centre du gaonat en Babylonie et ont servi de fond ethnique à la croissance du Karaïsme là-bas, est fondamentalement incorrecte.
Certains des Juifs de Khaybar se sont installés à Wadi al-Qur? et Tayma, mais la plupart se sont installés à Jéricho.
Parmi les exilés à Jéricho, il y avait le fils du chef guerrier de Khaybar, ??rith, qui était le père de Zaynab, la femme crédité de la tentative d'empoisonner Muhammad pour se venger du massacre de son peuple.
Les Juifs de Khaybar se sont apparemment dispersés de Jéricho le long de la vallée du Jourdain, atteignant la vallée de S?n?r dans le nord de la Samarie.
Ceci est indiqué par les noms Tell-Khaybar et Khirbat-Khaybar dans cette vallée et une ancienne tradition arabe au sujet d'un roi et d'une princesse juive qui vivaient dans ces endroits.
Une source arabe publiée par I.Goldziher (REJ, 28 (1894), 83) cite un récit arabe dans lequel les musulmans expriment leur étonnement que les femmes juives de Khaybar aient revêtu leurs plus beaux bijoux le jour des expiations.
Les Juifs de Khaybar, comme les Juifs dans d'autres parties du Hedjaz, sont mentionnés des centaines d'années après l'expulsion de certains d'entre eux par Omar.
À la fin du XIe siècle, ils possédaient encore des biens, des terres, des champs et des châteaux dans la région de Kat?ba, qui était une région de Ban? Na??r à l'époque de Mahomet.
Les Juifs de Wadi al-Qur? ont posé des questions sur la culture des dattes à R. Sherira et Hai Gaon en Babylonie.
Benjamin de Tudela (XIIe siècle) a entendu des rumeurs exagérées sur le pouvoir des juifs de Khaybar et de Tayma, qui adressaient encore des questions aux exilarques de Bagdad.
Il a noté que les Juifs de Khaybar étaient des descendants des tribus Re’uben, Gad et Menashe et qu’ils étaient au nombre de 50 000, y compris des érudits et des héros de guerre qui se sont battus contre leurs ennemis.
Aux XIe et XIIe siècles, les Juifs de Khaybar sont mentionnés en Egypte et en Babylonie.
Dans une lettre du gaon Salomon b. Judah writkhaybar ten à Jérusalem vers 1020, un certain Isaac de Wadi al-Qura est mentionné.
Cet homme a déserté sa famille pendant quatre ans, s'est rendu en Égypte et est retourné «dans sa terre», c'est-à-dire à Wadi al-Qura.
Deux documents de Genizah attestent de l'installation de Juifs Khaybar à Tibériade au cours de cette période.
Selon la tradition musulmane, les Juifs de Khaybar ont été expulsés à l'époque d'Omar.
Ils prétendaient à Tibériade être des Khayberis, et donc exonérés d'impôt.
Une grande attention a été consacrée par les érudits à une lettre du Caire Genizah, écrite en arabe en lettres hébraïques, à «“anina (ou ?abiba) et aux habitants de Khaybar et Maqn? », Leur accordant de nombreux privilèges et promettant leur sécurité contre les méfaits des musulmans pour le bien de leur cousin ?afiyya.
La lettre, qui est écrite sur papier, est probablement copiée de celle qui avait été écrite sur du cuir, comme ce fut le cas avec les lettres et les traités de Mahomet.
Des sources arabes attestent que la correspondance avec les Juifs à l'époque de Mahomet était en arabe en lettres hébraïques.
La lettre, cependant, a été reconnue par la plupart des érudits comme un faux, bien qu'il y ait un désaccord quant à savoir si ses détails sont tirés de traités authentiques et de faits historiques et sont des copies de ces sources.
En tout état de cause, la lettre a été composée à l'époque du calife Al-??kim bi-Amr Allah (vers 1010) pour se défendre contre les persécutions, l'expropriation de biens et la coercition pour accepter la foi musulmane en son temps, non seulement en Egypte mais dans d'autres parties de son règne et y compris Khaybar lui-même.
Une source arabe déclare explicitement que les «Juifs de Khaybar» sont exemptés des décrets.
Une lettre de Genizah parle du poète Yakhin qui a fui al-Mahalla (Égypte) quand il lui a été demandé de payer la taxe de vote.
La lettre suppose que Yakhin avait droit à l'exonération fiscale parce qu'il était Khayberi.
Dans d'autres lettres de Genizah du 11ème siècle, il y a des références à des personnes appelées Ibn al-Khayberi.
Il semble à Goitein qu'une distinction devrait être faite entre les Juifs qui ont réellement émigré d'Arabie du Nord et qui s'appelaient Hizajis, et les Khaybaris, qui sont probablement venus en Occident via l'Irak et n'avaient aucun lien réel avec Khaybar.
Gil doute également que les Juifs qui demandent une exemption et un statut spécial soient en fait des Khayberis.
À partir du XVIe siècle, lorsque les voyageurs européens ont commencé à visiter l'Arabie, des rumeurs se sont répandues sur la présence des Juifs de Khaybar dans le Hedjaz, leur bravoure, leur contrôle des routes menant à La Mecque et leur collecte de taxes routières auprès des pèlerins.
Varthema, qui a voyagé en Arabie au début du XVIe siècle, a noté que dans une localité située entre Damas et Médine, vivaient entre 4 000 et 5 000 juifs, mais l'orientaliste Pirenne en doute.
David Hareuveni a affirmé en 1524 en Italie qu'il était le général d'armée du roi Salomon du désert Habur (Khaybar).
Au cours du 19e siècle, ces rumeurs ont encouragé certains Juifs robustes et imaginatifs à partir dans le désert d'Arabie à la recherche des «Fils de réadaptation» (Khaybar) et des «Fils de Moïse, Dan et Asher».
Certains d'entre eux sont morts en chemin et n'ont plus été entendus.
Pirenne écrit qu'au milieu du 19e siècle, les Juifs étaient en nombre considérable dans cette région.
Selon des rumeurs, quelques Juifs de Khaybar sont arrivés en Palestine et sont apparus dans des synagogues.
La famille Mu?amara du village de Yutah dans les montagnes au sud d'Hébron, qui retrace sa lignée jusqu'aux Juifs de Khaybar, ainsi que la famille du chef du village déserté de H?j, près du kibboutz Dorot, qui était liés aux descendants de Khaybar à Yutah.
L'ancien père de la famille Mu?amara s'est installé à Yutah dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. G.M. Kressel a écrit (en 2001) sur la signification symbolique parmi la population bédouine du Néguev de la guerre de Mahomet contre les juifs de Khaybar.